Pour certaines personnes, poser ses limites n’est pas forcément une évidence – peur de blesser l’autre, d’être rejeté..- Pourtant notre capacité à établir des limites claires avec les autres est aussi une preuve d’assertivité et d’affirmation de soi.
En effet, faire respecter mes limites c’est aussi respecter mes besoins, mes valeurs, tout ce qui est important pour moi. Savoir dire “non” aux autres c’est parfois aussi se dire “oui” à soi.
Pourquoi est-ce compliqué de dire “non”?
Non, poser ses limites ce n’est pas forcément simple… pour certaines personnes ça peut même avoir un véritable coût. Peur de décevoir, peur du conflit, de blesser l’autre, envie de faire plaisir ou encore de se sentir utile… De nombreuses raisons nous poussent à céder à des conditions ou à des comportements qui ne nous correspondent pas (ou à moitié) ! Et c’est souvent cette zone grise – notre zone de tolérance- qui est la plus compliquée à gérer.
C’est le cas par exemple de Marie, 36 ans. Employée en tant que secrétaire, elle est une habituée des heures supplémentaires. Paye, comptabilité, office management… elle occupe tout type de fonctions même des fonctions qui ne relèvent pas de son poste. La principale problématique de Marie? Sa difficulté à dire “non” et à communiquer sur sa charge de travail avec ses managers. Elle préfère assumer des horaires exponentiels et risquer un burn out que d’établir un vrai dialogue avec ses supérieurs. En creusant avec Marie cette situation, nous mettons rapidement le doigt sur le processus inconscient qui se cache derrière: sa peur de déplaire à ses supérieurs.
Une première étape pour retrouver ce pouvoir de dire “non” commence par une exploration profonde (un peu à la Indiana Jones). Celle de mieux comprendre ce qui nous empêche de poser clairement nos limites. Il peut s’agir de raisons conscientes comme de raisons inconscientes.
Je vais pouvoir par exemple me poser les questions suivantes: Que signifie le “non” pour moi? De quoi ai-je peur exactement?
Explorer ces blocages peut m’aider à identifier les schémas limitants à la base de cette problématique.
Conseil 1: Etre à l’écoute de mes propres besoins
Le fait de chercher à faire plaisir ou encore à me sentir utile peut être en tant que tel l’expression d’un besoin camouflé. Il peut parfois s’agir d’un besoin de reconnaissance, d’être aimé, que l’autre nous porte de l’estime, de l’intérêt… Autant de stratégies bien souvent inconscientes qui nous maintiennent dans des schémas de dépendance affective.
Sortir de la dépendance affective implique de prendre le temps de l’observation et de l’analyse. Qu’est-ce que m’apporte les autres que je n’arrive pas à m’apporter à moi-même? (de l’estime? du soutien? de l’intérêt?…). Identifier clairement mon besoin me permettra aussi de pouvoir y répondre (avec parfois l’aide d’un professionnel si cela s’avère nécessaire).
En redevenant en capacité de me porter de l’estime, j’apprends progressivement à m’aimer. Et parce que je m’aime, je fais respecter mes limites de manière claire pour protéger ce qui est réellement important pour moi (mes valeurs, mes besoins…)
Apprendre à faire respecter mon territoire, c’est aussi affirmer mon individualité. C’est récupérer ma souveraineté et me libérer du pouvoir que les autres peuvent exercer sur moi. Car oui nous sommes tous singuliers et uniques, c’est précisément ce qui fait notre force
Conseil 2 : Je mets mes limites au niveau professionnel pour retrouver la maîtrise de mon temps
A force de tout accepter dans son poste, de tout encaisser on peut rapidement se retrouver en trop-plein.
En disant “oui” à tout je peux me retrouver dans une situation dans laquelle je deviens incapable de tout gérer… Je perds le contrôle de la situation. Je perçois de plus en plus de décalage entre la charge de travail que j’assume et mes capacités. Et là, c’est l’engrenage. Un cercle vicieux s’enclenche qui mène à une accumulation de stress. Progressivement, on entre dans un cercle vicieux, et c’est là que le burn out peut pointer le bout de son nez.
A défaut de savoir dire stop, c’est notre corps et notre mental qui s’en charge bien souvent à notre place.
Apprendre à dire “non” avant d’en arriver à cet extrême c’est aussi apprendre à me respecter, à respecter mon rythme personnel.
Conseil 3 : Je ne dis “oui” qu’à ce qui me correspond réellement
De manière générale, savoir faire des choix ce n’est pas forcément saisir toutes les opportunités qui se présentent. Mon temps est très limité. Cela signifie nécessairement qu’un “oui” à une tâche ou encore à une opportunité signifie un “non” à autre chose.
Ce à quoi je dis “oui” est ce à quoi je choisis d’occuper mon temps, cet espace limité qui détermine ce que je fais in fine de ma vie.
C’est la raison pour laquelle construire une vie qui me ressemble, consolider mon individualité implique de savoir gérer mon temps et surtout ce à quoi je l’emploie. Lorsque je dis “non” à quelque chose qui ne me convient pas, je laisse un espace temporel pour ce qui va réellement me correspondre. Je retrouve la pleine maîtrise de mon temps.
Conseil 4 : Je fais rayonner mon individualité !
Un petit exercice pour reprendre votre pouvoir peut déjà consister à observer ce que vous subissez au quotidien.
Quelles sont les situations ne vous correspondent plus? Que souhaiteriez-vous à la place? Comment pouvez-vous concrètement agir: qu’est-ce qui relève de votre responsabilité ou non? Quelles stratégies pouvez-vous mettre en place?
Certains outils de communication assertive peuvent être particulièrement utiles pour apprendre à définir des limites claires de façon non-violente: le modèle DESC, la CNV…
De manière générale, apprenez progressivement à vous affirmer davantage dans votre vie de tous les jours. N’hésitez pas à montrer votre désaccord avec quelque chose qui ne serait pas en concordance avec vos valeurs. Apprenez à ne dire “oui” que lorsque vous en avez réellement envie.